Le dîner du vaniteux

Emmanuel Macron n’entendait pas forcément faire venir à Paris le président ukrainien avant la date du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais, devant le faste déployé par les Britanniques, le président français a rapidement organisé une réception à l’Élysée. Le soir du mercredi 8 février, le président ukrainien a été invité et reçu à l’Élysée de manière parfaitement impromptue. Cette invitation surprise aurait été motivée par la nouvelle de la visite-éclair rendue par M. Zelensky à Londres le même jour. Au fur et à mesure que le programme de la journée londonienne se dévoilait, Paris devenait de plus en plus fébrile à l’idée de ne pas être aussi le centre de l’attention internationale. En principe, le président Macron n’avait pas l’intention de recevoir M. Zelensky à Paris mercredi. Ce soir-là, il aurait plutôt projeté d’aller au théâtre avec sa femme. Mais face aux images triomphales de la visite du président ukrainien à Londres, tout a changé.

Un fonctionnaire de l’Élysée a confié à la presse qu’une décision « spontanée » a été prise pour attirer M. Zelensky à Paris. Afin de rivaliser avec le faste et la solennité londoniens ,l’Élysée a tenté d’organiser une cérémonie aux Invalides pour honorer son visiteur avec les flons flons de la République. Hélas le président ukrainien ne pouvait pas être à Paris à temps et M. Macron a dû annuler l’événement pour se contenter d’un dîner à 22h00. Il a néanmoins pu décerner la Légion d’honneur à son invité. Un geste de communicant qui galvaude la plus haute récompense républicaine, qui n’a que pour seule justification celle de gonfler l’importance de l’occasion et par la même l’importance de celui qui a décerné la médaille. Pour cela il a même réussi à persuader le chancelier Scholtz de sauter dans un avion et de se rendre lui aussi à Paris pour la petite sauterie.

Toute cette activité improvisée était d’autant plus curieuse que le président français avait caressé le projet d’inviter M. Zelensky à Paris pour marquer l’anniversaire de l’invasion de son pays par la Russie. Mais rien ne s’était concrétisé. Ce fiasco s’expliquait en partie par le fait que, quand le président ukrainien s’adresse ou rend visite à ses homologues occidentaux, c’est surtout pour quémander des livraisons d’armes. Faire de telles promesses, Mr Macron en aurait été incapable contrairement à son homologue anglais Mr Sunak, car le Royaume Uni fournit l’Ukraine depuis longtemps. Il a été même le premier pays à promettre des chars et sera peut-être le premier pays européen à livrer des missiles antichars comme il sera sans doute aussi le premier à livrer des avions.

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Directeur de publication : Morad El Hattab

 

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Lundi 6 Mars 2023